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Writer's pictureDiane de La Morinière

Couples, et maintenant le déconfinement...

''Nous sommes au bord de la rupture''. ''Ce temps passé ensemble nous a rapproché''. ''Nous devions nous séparer or nous nous sommes retrouvés''. Autant de couples autant de confinements...

Pour tous se pose la question de l'après: qu'adviendra-t-il lorsque nous serons déconfinés? que ferons-nous lorsque nous pourrons de nouveau sortir? Comment reprendre notre vie ?

Il est trop tôt pour avoir du recul mais deux récents sondages sur les conséquences confinement sur le couple nous révèlent que:

-le confinement n'a pas eu de répercussions pour 60% de couples; pour 30% des Français, le confinement a contribué à fortifier leur couple (sondage Ifop fin avril).

-et qu'un couple sur dix veut prendre de la distance. Certains (4%) songent même à la rupture (sondage Ifop publié le 5 mai dans Le Parisien).

-La grande majorité des parents a apprécié la vie confinée en famille: 85% des Français ayant des enfants à charge ont déclaré passer de bons moments en famille (enquête Odoxa pour France Info et France Bleu, publiée le 7 avril dernier).

[Je n'oublie pas l'autre côté de ces statistiques: les graves problèmes conjugaux, les violences intrafamiliales, les 15% de parents pour lesquels la situation avec leurs enfants a été intenable...sur lesquels je reviendrai dans un prochain blog].


Relire cette période et déculpabiliser.

Pendant deux mois, jours et nuits, dans un espace plus ou moins grand, avec ou sans enfants, en présence ou non d'autres personnes, avec souvent de graves préoccupations financières, la vie confinée avec son conjoint réunissait toutes les conditions de se trouver en désaccord. Même chez les couples dont l'entente était bonne, on a observé d'avantage de tensions, de disputes. Au sein du couple, une volonté exprimée un peu fort, une appréciation différente des faits, pouvaient devenir électriques.

=>Mais la dispute fait partie de la vie conjugale! Les différences de personnalités, de goûts, de rythmes, créent des tensions dans le quotidien que le couple doit gérer. Il doit s'entraîner à résoudre ces conflits sans violences physiques ni verbales.

Au sortir du confinement, il appartient à chacun de discerner d’où viennent ses frustrations, ses insatisfactions: suis-je déçu de mon conjoint ou de moi-même? (je n'ai rien fait de ma journée...de ce que j'avais prévu de faire...je suis dépassé-e par la situation?). On a vite fait, car c'est plus facile pour son ego, de rendre l'autre responsable de ses manques et de ses limites...


Les apports de l'extérieur ont manqué pour réoxygéner le couple, or maintenant la liberté de déplacements est rétablie. Dans la vie normale, on peut se supporter parce que l'on se sépare et l'on se retrouve. L'absence du conjoint permet le réel plaisir de la retrouvaille, mais permet aussi que ce qu'il vit durant ce temps (activités, travail, rencontres, etc...) puisse être raconté, alimente des sujets de conversation, de partage.

Durant l'enfermement, en face d'un énervement, d'un désaccord, il n'était pas possible de mettre de la distance physique, pas possible de partir faire un tour pour respirer et se calmer.

=>On va pouvoir reprendre un peu de mouvement, pour se dégager physiquement et psychologiquement, respirer, se rassurer...


Le couple s'est -plus ou moins, habitué à son nouveau rythme de vie. ''On ne se croyait pas capable de vivre cela''. Même si tout ne s'est pas idéalement passé, les couples et les familles se sont adaptés. Dans une première phase de sidération, notre cerveau était saturé (la nouveauté de la situation, l'inquiétude concernant le coronavirus pour soi-même et pour ses proches, les chaînes d'information en boucle, la crainte pour son emploi, les enfants à la maison, à occuper ou à faire travailler....)

Grâce à ce que le Pr. Michel Lejoyeux (chef de service psychiatrie de l'hôpital Bichat) appelle ''la psycho-palsticité'', le couple et la famille se sont adaptés aux nouvelles conditions de vie, et de fait, ont pu expérimenter de nouvelles pratiques, de nouveaux fonctionnements. Aujourd'hui, il sera intéressant de les évaluer et se poser la question du maintien ou non de certains.

=>Le déconfinement sera-t-il un retour à la situation passée? Ou bien a-t-il mis en lumière des changements et des ajustements judicieux? Ce moment constitue l'occasion de mettre les choses à plat, d'envisager l'avenir personnel et conjugal et de faire des choix (améliorer communication, redonner une juste place aux écrans, pérenniser à deux les engagements humanitaires et solidaires pris pendant le confinement ...)


Et la charge mentale?

Beaucoup de parents se sont sentis débordés, et notamment par les tâches domestiques, accrues du fait que tout le monde était h24 à la maison. Déjà éprouvés par les éléments anxiogènes de cette épidémie et de ses conséquences, ils ont eu du mal à être psychologiquement disponibles à leur conjoint, à leurs enfants, et leur patience a été mise à mal. Il ressort aussi que pour les femmes (qu'elles aient continué à se rendre à leur travail ou aient eu recours au télétravail), la charge mentale s'est révélée beaucoup plus lourde que d'habitude.

De ces fatigues et tensions accumulées, ont pu découler des incompréhensions et des rancœurs... Il est très important que les conjoints, sous prétexte de repartir dans la vie normale au plus vite, ne sous estiment pas leurs conséquences sur leur relation et leur communication futurs, et ne les mettent pas sous le tapis. (voir blog Communication dans le couple)

=>Le couple pourra se (re)poser les questions du partage des tâches ménagères, du rapport des deux conjoints entre vie professionnelle et vie familiale, du retour à des relations apaisées entre eux et avec leurs enfants.


L'intimité et la sexualité.

Dans ce sujet encore, autant de couples autant de situations... Pour de nombreux couples, ce temps de confinement a permis de passer plus de temps ensemble. Ils ont créé des petits rites nouveaux, des gestes, (un temps fixé pour mettre en pause son télétravail et se retrouver, autour d'un déjeuner, d'une tasse de thé, des gestes tendres...). Même si l'on n'est plus motivé par l'idée de résister, unis, contre l'adversité incarnée par le coronavirus, ces couples pourront décider de mettre en place les mesures pour conserver ces attitudes d’accueil, d'écoute et de bienveillance (dans divers actes du quotidien, un rendez-vous hebdomadaire, un week-end...)

Il est important de noter qu'en général, l'activité sexuelle a baissé. Un couple sur cinq (21%) confinés sous le même toit dit n'avoir eu aucun rapport sexuel au cours des quatre dernières semaines, contre 10% en temps normal (Ifop pour Le Parisien publié le 5 mai). La perte de libido est en partie due à l'angoisse, au stress, à la promiscuité (avec les enfants pas loin), et, comme on l'a vu plus haut, à la multiplication des tensions et disputes conjugales.

=>Comment retrouver le temps de l'amour et des rapprochements des corps?

Ce déconfinement peut-être l'occasion de réfléchir en couple à son intimité et sa sexualité. et débusquer certaines habitudes néfastes:

-On pourra par exemple commencer par limiter le soir le temps consacré à visionner ses séries sur Netflix, qui font trop reculer l'heure du coucher (et le câlin du soir passe à la trappe!)

-Se fixer des rendez-vous à deux en semaine, ou se réserver un week-end de temps en temps, juste tous les deux...

-Être vigilant contre le surmenage, souvent proche du burnout, qui produit des effets négatifs sur l'énergie, et nie les besoins du corps.

-Pour un couple, plus on s'éloigne (distance physique et émotionnelle), plus il devient compliqué et difficile de se rapprocher, surtout si le seul rapport envisagé est de ''faire l'amour''. Sans forcément avoir de relations sexuelles, s'employer à favoriser un climat d'intimité, de bien-être des corps, de tendresse érotisée (40 secondes par jour de contact physique, enlacement, câlin, massage, suffisent pour que le corps produise sa dose journalière d'ocytocine, l'hormone du plaisir), est un des secret des couples épanouis....




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